Le 26 mars 2021, EPBC a tenu son tout premier Événement national de reconnaissance des bénévoles. L’événement a eu lieu sous forme virtuelle et a été commandité par notre cabinet partenaire national, McCarthy Tétrault. Des étudiant(e)s bénévoles, des membres du personnel, des avocat(e)s superviseur(e)s, et des partenaires financiers et communautaires d’un bout à l’autre du pays ont assisté à cet événement visant à célébrer le dur labeur et la persévérance de nos bénévoles et de nos partenaires tout au long d’une année extrêmement difficile. Le Bureau national d’EPBC a été profondément impressionné par le dévouement dont nos bénévoles et nos partenaires ont fait preuve afin de maintenir — et, dans certains cas, d’accroître — l’impact d’EPBC sur l’accès à la justice au Canada.
Le programme de Prix du juge en chef Richard Wagner décernés par EPBC a été instauré il y a deux ans pour rendre hommage aux étudiant(e)s bénévoles d’exception qui incarnent les valeurs fondamentales d’EPBC, soit la dignité, l’équité et l’humilité. Notre deuxième série de prix annuels a été remise lors de l’Événement de reconnaissance des bénévoles du 26 mars afin de reconnaître les contributions exceptionnelles de bénévoles de chaque section EPBC envers l’#avancementdelajustice.
Nous avons eu l’honneur d’avoir parmi nous le très honorable Richard Wagner, C.P., juge en chef du Canada et fervent défenseur de l’accès à la justice. Le soutien continu qu’il témoigne à EPBC illustre bien sa passion pour l’accessibilité des services juridiques et l’équité au sein de la profession juridique au Canada. Il a prononcé une allocution émouvante sur les répercussions de la pandémie sur le secteur juridique et sur la nécessité d’inciter les membres de la profession à adopter une éthique pro bono afin que notre système de justice soit plus accessible et plus équitable.
« Étudiant(e)s pro bono du Canada a été — et est encore — sur la ligne de front juridique de cette pandémie [...] Ensemble, vos bénévoles et partenaires communautaires ont continué à fournir gratuitement des services juridiques pertinents et de haute qualité. »
— Le juge en chef Richard Wagner, lors de son allocution à l’Événement national de reconnaissance des bénévoles d’EPBC (mars 2021)
Le juge en chef a également félicité les membres de la profession qui ont su s’adapter aux restrictions imposées par la pandémie : « Outre les formalités administratives mentionnées plus tôt, il s’avère que notre système judiciaire est plus flexible qu’on ne l’aurait cru. Nous avons vu qu’il est possible de moderniser notre système judiciaire et de le rendre plus accessible. Il serait irresponsable de laisser passer cette occasion unique, engendrée par une pandémie, de procéder à des réformes structurelles à plus long terme. Encore une fois — il faut agir pour faire avancer la justice. »
El Jones, poète de tradition orale, éducatrice, journaliste et activiste communautaire, Maggie Wente, membre de la Première Nation de Serpent River et avocate spécialisée dans les droits des Autochtones du cabinet OKT Law, et la modératrice Nikki Gershbain, responsable de l’inclusion et du programme InclusionNow chez McCarthy Tétrault, se sont joints à nous pour la deuxième partie de notre Événement national de reconnaissance des bénévoles — une causerie. El et Maggie ont discuté de leur parcours professionnel, et plus particulièrement de leur amour pour leurs communautés et de la façon dont cet amour leur a donné l’impulsion nécessaire pour défendre les droits et intérêts de leur communauté et de militer en ce sens, de la manière dont elles ont composé avec la pandémie et trouvé espoir, et de ce que signifie pratiquer le droit en toute humilité.
« Joie. Espoir. Résistance. Survie. Donner. »
— Nikki Gershbain, résumant les thèmes de la causerie entre El Jones et Maggie Wente
El Jones nous a rappelé que ces combats sont menés à partir de la base — que des personnes sont à l’origine de ce travail, et que ces personnes « ne sont peut-être pas des avocats, des universitaires, ne se considèrent peut-être pas comme des abolitionnistes ou des défenseurs de la justice, mais elles s’investissent dans ce travail tous les jours ». Elle a également souligné l’importance du travail juridique pro bono pour aider les gens à accéder à la justice et le rôle primordial que jouent les avocat(e)s à cet égard.
Maggie Wente a souligné que : « Il n’y a pas de bonne façon ou de mauvaise façon de s’investir dans sa communauté », mais que « si c’est quelque chose qui vous anime, vous trouverez une façon de le faire ». Elle a ajouté que, peu importe qui vous êtes, la meilleure façon de servir sa communauté et ses clients est de prendre soin de sa propre santé mentale et physique, et cela est d’autant plus vrai si vous êtes avocat(e).
L’événement s’est terminé par un puissant poème oral sur l’accès à la justice, écrit et interprété par El Jones. Au cas où vous auriez manqué l’événement, voici plusieurs points à retenir provenant des allocutions et discussions de nos conférenciers et conférencières émérites.
Appels à l’action – Direction pro bono
Il n’est pas toujours nécessaire de recourir à un(e) avocat(e) pour un problème juridique. Comme le démontre le modèle opérationnel d’EPBC — dans le cadre duquel des étudiant(e)s en droit travaillent avec des organismes communautaires pour fournir des services juridiques sous la supervision d’un(e) avocat(e) — certains aspects des services juridiques ne nécessitent pas l’intervention coûteuse d’un(e) avocat(e) titulaire de permis. En adoptant la Loi sur l’accès à la justice en 2006, l’Ontario est devenu le premier endroit en Amérique du Nord à accorder des permis d’exercice aux parajuristes et à des professionnels du droit autres que des avocats. Le juge en chef a comparé la prestation de services juridiques dégroupés (lesquels sont moins onéreux pour les clients) à la façon dont les infirmières praticiennes ont révolutionné la prestation des services médicaux : « Je crois que c’est une bonne métaphore. Il n’est pas toujours nécessaire de consulter un médecin pour un mal d’oreille. Et ce ne sont pas tous les problèmes juridiques qui nécessitent l’intervention d’un(e) avocat(e).»
Un peu de pro bono peut aider beaucoup. EPBC s’efforce d’insuffler l’éthique pro bono chez la prochaine génération d’avocat(e)s, et nous croyons que tou(te)s les avocat(e)s, peu importe leur domaine de pratique ou le secteur dans lequel ils travaillent, ont quelque chose à apporter. Le juge en chef Wagner en a pris bonne note et a réfléchi aux récentes tendances porteuses d’espoir en ce qui concerne le travail pro bono : « Il est encourageant de constater que la représentation pro bono est à la hausse. Les cabinets d’avocats intègrent davantage de projets pro bono à leurs modèles d’affaires et à l’esprit de la profession juridique. Je suis convaincu que toutes les personnes qui ont travaillé bénévolement avec Étudiant(e)s pro bono du Canada resteront de fervents défenseurs de l’élargissement de ces programmes. » Le juge en chef est allé plus loin en évoquant l’instauration d’une obligation de travail pro bono pour les avocat(e)s au Canada — un sujet qui fait l’objet d’un vif débat depuis 40 ans. Il a fortement recommandé que nous voyions « le travail pro bono comme une condition pour maintenir son admission au barreau, tout comme la formation continue obligatoire. À l’époque [trois ans auparavant], j’avais suggéré que si l’on exigeait 10 heures de travail pro bono par année à la plupart des avocat(e)s du Canada, cela correspondrait à un million d’heures gratuites. Imaginez la différence que cela pourrait faire! »
Ce n’est pas parce que l’on fait choses d’une certaine façon depuis belle lurette qu’on ne peut pas changer. Résumé par Nikki Gershbain, ce point fait référence aux lueurs d’espoir que Maggie Wente et El Jones ont réussi à trouver en pleine pandémie mondiale. Pour El, le fait que 41 % des prisonniers de la Nouvelle-Écosse ont été libérés en raison de problèmes de sécurité proximale pendant la COVID-19 illustre bien ce point : « Il en coûte 271 dollars par jour pour détenir une personne dans une prison provinciale, mais 125 dollars par jour pour détenir une personne dans un logement avec des services de soutien, de quoi manger et des services sociaux [...] cela a définitivement déboulonné le mythe selon lequel nous devons emprisonner ces personnes, que nous devons absolument détenir ces personnes pour assurer la sécurité dans nos communautés. » Pour Maggie, les occasions d’autodétermination dont certaines Premières Nations ont pu se prévaloir en raison des restrictions relatives à la COVID-19 illustrent bien les possibilités que le gouvernement a soustrait aux peuples autochtones : « L’autodétermination s’est manifestée sous plusieurs formes et j’ai trouvé ça vraiment, vraiment encourageant. J’ai aussi trouvé formidable qu’elles aient eu l’occasion de démontrer qu’elles peuvent se gouverner elles-mêmes et prendre soin de leurs proches de la manière dont elles souhaitaient le faire, une chose pour laquelle elles se battent depuis très longtemps. »
Plus d’humilité. L’une de nos valeurs fondamentales, l’humilité, fait partie intégrante du travail d’EPBC et nous nous efforçons constamment de l’incarner et de l’inculquer. Comme l’a fait remarquer Maggie Wente, « l’humilité est une chose avec laquelle beaucoup d’étudiant(e)s en droit et d’avocat(e)s ont du mal — et je m’inclus dans ce groupe! » Elle a ensuite raconté une anecdote personnelle qui a été un moment d’apprentissage dans sa carrière, et a recommandé de prendre appui sur une expérience qui nous rappelle d’être humbles. El Jones a fait la distinction entre l’humilité de service et « l’humilité diminuante », un type de dévalorisation qui afflige souvent les femmes. Elle a expliqué qu’il est possible d’avoir de convictions fortes tout en restant humble et nous a rappelé que, même lorsque nous sommes en position de pouvoir (ou que nous jouons un rôle de « professeur(e) »), il est important de nous rappeler que nous sommes toujours en train d’apprendre : « Lorsqu’on est capable de faire cela et de se mettre de côté, c’est là que notre travail se développe vraiment. »
Après une année difficile, EPBC était reconnaissante d’avoir l’occasion de réunir pour la toute première fois notre équipe nationale d’étudiant(e)s, d’avocat(e)s, de partenaires communautaires et financiers afin de rendre hommage à nos extraordinaires bénévoles et de donner une nouvelle impulsion à notre action pour faire avancer l’accès à la justice.
Nous souhaitons particulièrement remercier McCarthy Tétrault d’avoir commandité les Prix du juge en chef Richard Wagner décernés par EPBC, ainsi qu’El Jones, Maggie Wente et Nikki Gershbain pour leurs réflexions franches et judicieuses lors de la causerie, et le juge en chef Wagner, pour son appui indéfectible à la mission et au travail d’EPBC.
Comentarios